jeudi 9 décembre 2010

Je suis la femme à barbe...

-Anacours Bonjour!
-Bonjour madame, je suis allée sur mon espace enseignant, j'ai vu qu'un élève de seconde avait besoin de cours de français dans le 20ème arrondissement, c'est pas très loin de chez moi alors ce serait vraiment bien si je pouvais l'avoir et...
-Vous avez le CAPES?
-Euh... Non. Pourquoi?
-Pour ce cours les parents exigent le CAPES.
-Ah. D'accord.
-Désolée. Au revoir

[...]

-Anacours Bonjour !
-Bonjour madame, je suis allée sur mon espace enseignant, j'ai vu qu'un élève de première avait besoin de cours de français dans le 18ème arrondissement, c'est pas très loin de chez moi alors ce serait vraiment bien si je pouvais l'avoir et...
-Ah... ça ne va pas être possible.
-Pardon?
-Pour ce cours, les parents exigent un homme.
-Hm, effectivement, ça ne va pas marcher.
-Par contre, vous faites de l'allemand?
-Non ! Pourquoi?
-Ben pour les cours d'allemand, les parents veulent bien une femme.
-Gnein?!?


Bon.
J'ai compris. Pour donner des cours particuliers de français à Paris, il faut soit avoir le CAPES, soit être un homme.
Ai plus qu'a me laisser pousser la barbe.
Ou à me mettre à l'allemand.

« Scènes capitales : théâtre et exécution publique (XVIe-XVIIIe s) »

Je pense que le prof qui est responsable de ce séminaire est le seul être humain à s'être spécialisé dans l'étude des récits littéraires d'exécution publique.
Séminaire que, pas un hasard capricieux d'emploi du temps, j'ai rejoint il y a maintenant un mois.
Quand j'ai dit à l'homme-qui-sait-réparer-des-chaises que je quittais le séminaire "voyages" parce qu'il était trop question de tortures de pauvres chrétiens capturés par des Maures pendant les croisades, il m'a demandé ce que j'avais pris à la place.
Je peux donc comprendre que la logique de mon choix second lui ait échappé: fuir la torture des Maures pour se réfugier dans les récits de décapitation de Comte d'Essex, c'est un peu paradoxal, certes.
Mais c'est en anglais. L'horreur est toujours plus facile à digérer en VO. Toujours.

samedi 16 octobre 2010

Les petits plaisirs de la vie...

L'université de la Sorbonne est en travaux. Peut-être est-ce une tactique pour virer tous les étudiants, potentiels fauteurs de troubles et auteurs de tags en tous genres dans l'amphi Richelieu. Quoi qu'il en soit, le fait est là: la majorité des cours de mon M2 se déroulent en dehors de l'ancestrale université. Résultat, j'ai cours dans des caves. Oh, pas de vraies caves, quand même. Mais des salles qui ont toutes les propriétés d'une cave: pas de lumière du jour, éclairage artificiel trop rare. Pas de table. Pas de tableau. Autant vous dire que tenir un TD d'ancien Français dans ces conditions, à savoir dans une salle obscure du MK2 Hautefeuille boulevard St Germain, ça relève de l'exploit. Heureusement, notre prof, du haut de ses vertigineuses bottines Chloé est allée faire du charme aux appariteurs. Depuis jeudi dernier, on peut donc regarder les nuages défiler dans le ciel alors qu'elle égraine son chapelet de palatalisations, de diphtongaisons spontanées et toute la cohorte de bascule de l'accent et de triangle vocalique. Et, comble du luxe, on a des tables. Et un tableau.
Le bonheur tient vraiment à pas grand chose : )

lundi 4 octobre 2010

Ghost story, the end.

Le mystère des oeufs et du pot de crème fraîche a été levé.
Je tiens à remercier Arsène Lupin qui fut et est toujours mon modèle en matière d'investigation.
J'ai donc appelé mon autre frangine, celle qui n'est pas ma colloc'.
Il s'est avéré qu'elle était passée dans l'après-midi afin de faire une quiche.
Oui oui, elle devait faire un plat salé pour un repas entre amis le soir même, et comme elle était sur Paris et qu'il y a un four dans mon appart', elle s'est dit: "tiens donc, pourquoi n'irais-je pas cuisiner la-bas?".
Voila.
Pas de fantôme. Juste une frangine qui fait des quiches.
Life is just SO predictable.

Il pleut...

La poste a perdu une missive que j'ai envoyé il y a trois semaines à l'homme-qui-a-la-main-verte. Je suis donc allée au bureau de poste de mon village pour voir ce que je pouvais faire.
Au guichet, la dame me demande si j'avais indiqué mon adresse au dos.
Comment lui expliquer que je ne le fais jamais pour que le destinataire ait la surprise de l'expéditeur?
Après m'avoir jeté un regard plus que réprobateur, elle consentit à me donner un formulaire de réclamation.
Well.
Après avoir renseigné les adresses respectives de l'expéditrice et du destinataire, dans la partie "description de la lettre égarée", j'ai écrit:
"Signe distinctif du courrier: sur l'enveloppe est écrit 'iiiil pleut, est-ce de ma faute à moi, si les carreaux de l'usine, sont toujours mal lavés?'*."
Bon. Je pense qu'avec cet indice en or, les services de renseignement postaux devraient mettre la main dessus en deux coups de cuillère à pot.

* Chanson de Jacques Brel, dont je ne connais que ce fragment, car mon père le chantait à chaque fois qu'il pleuvait. Et le jour de l'envoi, dire qu'il pleuvait serait une litote.

vendredi 1 octobre 2010

Ghost story

Des oeufs et un pot de crème fraîche sont apparus dans mon frigo.
Ni ma colloc' de frangine ni moi-même n'en avons acheté.
A moins que le locataire précédant ait gardé un double des clés afin de nous faire des blagues, je ne vois qu'une seule solution.
Notre appartement est hanté.

lundi 27 septembre 2010

Ah oui. Au fait.

Higgledy-piggledy est mon mot préféré en shakespearien.
ça veut dire "sans dessus dessous", en bazar, pas rangé en tout cas.

Je me rappelle très précisément du moment où je l'ai appris. En Khâgne, on ingurgite des listes de vocabulaires dans un bouquin infâme qui devrait être recensé comme une torture par l'ONU: "Le mot et l'idée".
Au milieu de "bétonnière", "myosotis" et "garde manger"*, et bien il y avait "higgledy piggledy".
J'ai vécu pendant un an en Écosse et aucun autochtone ne l'a prononcé en ma présence, moi même ai du l'utiliser deux fois au grand maximum.
Mais c'est resté mon mot préféré.

D'où le nom de ce blog.
Je n'étais pas peu fière de mon idée, de son originalité.
Je me suis dit : PERSONNE n'y aura pensé, c'est certain.
Mais un autre génie avait eu l'idée avant moi.
Du coup j'ai du rajouter "and" au milieu.
Too bad...



* respectivement "concrete mixer", "forget-me-not" et "larder", lecteur ignare.

Ma vie est passionnante

Si j’avais FaceDeBouc, j’aurai pu écrire sur mon mur : « ce matin, j’ai mangé des crêpes, miaaaam !! »
Et puis tous mes amis auraient cliqué sur « j’aime » ou mis un commentaire oiseux du style « trop de la chance », ou « moi aussi j’aime les crêpes ».
Avec un peu de chance, un ami des amis des amis de mes amis, attiré par cette bonne odeur de crêpe beurre sucre, se serait permis de m’inviter à rejoindre le groupe « plus de crêpes à la cantine ».
J’aurais dit oui, bien sûr, le libre accès démocratique à la crêpe étant une des causes humanitaires qui me tient le plus à cœur.

Mais je n’ai pas de profil.
Alors à la place j’en parle ici, en espérant que quelqu’un écrira dans les commentaires « trop cool les crêpes !! » et que s’en suivra le début d’une longue amitié, renforcée par la création du FLC (Front de Libération des Crêpes) et l’organisation de crêpes parties géantes à l’échelle planétaire.

En vrai, le monde entier se fiche que je mange des crêpes. Mais la belge qui sommeille en moi, elle, est bien contente.

vendredi 24 septembre 2010

Du sens pratique de la femme

Lorsque je décide d'acheter deux tabourets dans une sorte de dépot-vente qui emploie des personnes en réinsertion, j'ai des critères très précis.
Qu'ils soient propres.
L'homme-à-la-main-verte aurait sûrement regardé s'ils étaient bancals, ou s'il manquait une vis.
Résultat : j'ai des tabourets propres, certes.
En revanche, mieux vaut éviter de s'asseoir dessus si on tient à son coxis.
Je dis ça, je dis rien.