mercredi 7 septembre 2011

Le cri du coeur.

[Post hyper inintéressant pour quiconque n'a jamais suivi un cours de lexicologie.]

Ça y'est, c'est la rentrée.
A la Sorbonne, on attaque fort avec un super stage intensif de morphosyntaxe, au sein duquel on a fait une remise à niveau en lexicologie.
Pour les néophytes, la lexico, c'est l'étude de la composition des mots.
Par exemple, "défaire" est formé avec le préfixe "dé" qui se greffe sur le verbe "faire".
Rien de bien sorcier, en fait.
Sauf que.
Les linguistes ont trouvé qu'il était beaucoup plus rigolo de créer tout un jargon spécialisé.
Ainsi, "défaire" est formé par affixation endocentrique via le suffixe intracatégoriel "de" au verbe « faire ».
C'est vrai que ça a beaucoup plus de gueule dit comme ça.
Et encore, ça, c’est rien.
Même si je peux garantir que tout ceci ne servira à aucun de mes futurs élèves, j’apprends consciencieusement des termes plus barbares les uns que les autres :
Dérivation parasynthétique, troncation double, apocope, forme allomorphique, ciment phonologique, étayage paradigmatique, xénisme, pérégrinisme, et j’en passe.
Sauf que.
Tout ce joli vocabulaire, on ne peut l’utiliser que lorsqu’on est face à des mots construits, type « redonner », « étonnement », « désinsectiser », ou hyper rares en littérature, genre « pomme de terre » ou « ricain ».
Et dans les sujets de la vrai vie du CAPES, ben y’a quasi jamais de mots construits, et ni Voltaire ni Chateaubriand n’utilise l’aphérèse « ricain ».
Les concepteurs de sujet, y mettent rien que des pièges, des mots qu’on dirait qu’ils sont construits mais en fait non, ahaha, je t’ai bien eu, ein ??
Je ne peux donc pas étaler ma science.
Et je suis frustrée.
Très.

Je veux faire de l’étayage paradigmatique !
Bordel.

11 commentaires:

  1. Hihihi! Je kiffe vraiment ton blog!
    Ca me rappelle tellement de souvenirs... Tout ce que j'ai appris à Normale Sup, tout ça pour finir à enseigner la différence entre BE et HAVE en ZEP...
    Hihihi! (mieux vaut en rire).

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  2. : )
    je prends mon mal en patience...
    [et, by the way, chui bien contente d'avoir un nouvel article de ton blog à me mettre sous la dent!]

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  3. Et c'est quoi de l'étayage paradigmatique ?

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  4. Parce que j'ai bien trouvé un truc sur "idéopédia", mais euhhhhhh comment dire..... faut avoir fait polytech' pour comprendre...

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  5. hmmm...
    Alors !
    En fait, quand on nous demande d'étudier un mot en lexicologie, on doit montrer comment il s'est formé : avec des suffixes, des préfixes, par substantivation (un verbe qui devient "nom" par exemple : rire = le rire), et plein d'autres procédés.
    Prenons le verbe "refaire".
    On peut le découper en deux parties : "re" et "faire".
    Cela paraît évident, mais pour prouver que ce découpage est pertinent, on va essayer de trouver d'autres mots qu'on peut découper sur le même principe.
    Donc on a par exemple : "re-commencer", "re-prendre", "re-tapisser".
    Dans tous ces cas, on constate bien que le préfixe "re" a le même sens : il indique qu'on répète l'action du verbe une nouvelle fois.
    Voila, je viens de faire de l'étayage paradigmatique !
    En fait, il s'agit tout simplement de prouver que le découpage du mot en plusieurs parties est pertinent en trouvant d'autres mots où le découpage peut s'opérer de la même manière.
    Et pas besoin d'avoir fait polytech' pour ça !
    Tu veux des exos d'application ?
    : )

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  6. Ah bien... moi qui pensais avoir un vocabulaire légèrement au-dessus de la moyenne, me voilà face à un bien étrange jargon ! Grâce à toi, j'ai bien ri et j'ai même appris des choses... Merci !

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  7. Et bien, si un jour on m'avait dit que je ferai rire des gens à coups d'étayage paradigmatique... : )

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  8. Ha ben effectivement, expliqué comme ça, tout de suite, ça passe mieux :)
    Merci !

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  9. Ben ça, on peut dire que ça me rappelle des souvenirs... Alors moi, je n'ai jamais préparé un seul mot pour l'épreuve de lexico (faut dire aussi que pour les LC chez Bobonne, l'épreuve tombe au tirage au sort avec... euh, je ne sais même plus avec quoi !)
    Mais je peux te dire un truc complètement dingue : les élèves de collège ADORENT que tu en parles. Si, si, c'est pas une blague ! Et pourtant moi, je suis dans un collège ECLAIR au fin fond d'une région déserte !
    Bon courage pour la bourrage de crâne...

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